Nous voilà partis. Libérés de notre douce quarantaine à Ure, nous sommes impatients de découvrir davantage ces îles, traversées avec tant d’émotion. Grâce à Pelle, un ami norvégien de longue date, nous avons pris contact avec un couple de comédiens qui ont monté le Eilertsen & Granados Teater à Stamsund, une ville toute proche. Une chance. Trente minutes de route à peine, et nous les rejoignons dans leur théâtre. Leur accueil est simple, chaleureux. Autour d’un café, nous échangeons et partageons un beau moment. Après un temps pour s’apprivoiser, nos enfants jouent ensemble, dessinent à la craie sur toute la scène, jouent aux détectives privés dans les étages… Andreas, aussi grand que Cristina est petite, nous donnent de précieuses informations sur les îles Lofoten et sur Andøya, une île plus au Nord, déjà dans les Vesterhålen. Avant de partir, Andreas prend son violon et nous joue un air traditionnel de Norvège. Nous partons au crépuscule, le cœur léger de cette rencontre humaine.

Très vite, nous choisissons de descendre jusqu’à l’extrémité Sud des Lofoten. Nous roulons à la nuit tombée pour arriver au dernier village de l’archipel, qui se nomme Å (prononcer, Ô), ru en norvégien, sur l’île de Moskenesøya. Après une nuit sur un grand parking désert, nous partons à l’assaut des montagnes environnantes. Les enfants sont désireux de grimper, mais déchantent vite : le sommet ne s’approche pas aussi vite qu’ils l’auraient espéré.

Laissant derrière nous les lumières dorées d’un soleil que nous devinons juste en dessous de la ligne d’horizon, nous progressons lentement. Les rochers, recouverts d’une fine couche de glace, sont très glissants, et nous en faisons l’expérience malgré nous.
Arrivés sur un plateau, nous découvrons un lac en contrebas, ses eaux calmes reflétant les crêtes enneigées des montagnes qui l’entourent. Nous descendons vers ses rives, et voyons alors apparaître un petit fjord à quelques dizaines de mètres. La lumière du large s’engouffre par son ouverture, et les vagues qui viennent s’y perdre sont nerveuses, se heurtant aux parois rocheuses qui plongent presque à pic dans la mer de Norvège. Nous prenons le temps de la contemplation, avant de poursuivre notre descente jusqu’au bord du lac, dans des herbes marécageuses.

En retournant au camping car, nous passons à côté des étais où sèchent les morues lors des saisons hautes. Existant depuis des millénaires, cette technique de séchage des poissons à l’air libre est encore très répandue aujourd’hui, même si la majorité des Tørrfisk est ensuite exportée.

Nous repartons d’Å avant la tombée du jour pour profiter des paysages somptueux. De loin en loin, nous traversons un village de pêcheurs, comme Reine, dont les maisons rouges sont rassemblées sur les péninsules à l’extrémité d’un fjord large et profond d’où s’élancent de hauts massifs.

Alors que nous longeons la côte, apparaît soudain devant nous la lune, énorme, pleine, sa lueur rosée contrastant avec la blancheur des cimes dont elle se détache. Au soir, rassasiés de la beauté des lieux, nous nous arrêtons au nord de Moskenesøya, sur un petit renfoncement en bord de route. D’un côté, on peut encore distinguer le début d’un sentier. De l’autre, s’étend un immense fjord.
Les trois voitures qui prennent toute la place partent l’une après l’autre, et il nous semble alors être seuls au monde.

Ce lieu est magique. Le minuscule parking donne sur une avancée rocheuse, au bout de laquelle est arrimé un barbecue. De là, part un ponton qui doit servir à des saisons plus clémentes. Les silhouettes des montagnes, qu’éclairent la lune, se découpent encore sur le ciel qui s’assombrit. L’eau est calme, lisse, à peine froissée par quelques oiseaux marins plongeant et pêchant. Sylvain croit voir le bout d’un museau émerger discrètement, mais il disparaît rapidement.

Le soir vient, puis la nuit. La lune, toujours plus haut dans le ciel, inonde le fjord de sa douce clarté. Le ciel sans nuages est constellé d’étoiles que l’on voit briller néanmoins. Nous sortons profiter, de tout, de ce cadeau, de la vie. Des lueurs d’aurores sont visibles au loin, mais à la pleine lune, nous sommes avertis, il est très difficile d’en voir. Pourtant, après un temps, de discrets rubans de lumière gris-vert commencent à se déployer dans le ciel. Ils disparaissent, reviennent, gagnent en épaisseur, en puissance. On en croit pas notre chance. Puis soudain, en un instant, apparaît au loin une aurore boréale intense. Blanche, verte, rouge. Elle s’intensifie encore, se déplace à une vitesse fulgurante, danse follement devant nos yeux. Son mouvement effréné densifie l’air. Elle balaie l’espace autour d’elle, paraissant se frayer un chemin tumultueux, chaotique dans l’immensité du ciel. Combien de temps cela dure-t-il, quelques dizaines de secondes, une poignée de minutes ? Tout comme elle est apparue, elle disparaît. Nous restons abasourdis de ce qui vient de se produire. Séchés sur place. Nous n’avons jamais rien vu de semblable.

Les autres aurores sont toujours là. Une fois de plus, nous réveillons les enfants, leur proposant de regarder depuis la baie du camping-car. Une fois de plus, Enki, ensommeillé, a du mal à les percevoir et se recouche. Alma, elle, reste longtemps à observer le ciel, tandis que nous allons et venons. Aucune autre aurore ne ressemblera à celle que l’on a vue. Une fois de plus, nous sommes reconnaissants au monde d’avoir pu vivre cela.

Le lendemain, le 31, nous décidons de passer là le réveillon. Après les courses nécessaires à Leknes, ville moyenne à une bonne heure de distance, nous revenons nous installer et jouons en attendant le soir. Il fait froid, nous retardons au maximum le moment de sortir. Enfin, Sylvain allume le barbecue, et fait griller les saucisses. Ce sera hot-dogs, hamburgers et glaces party pour célébrer l’année qui vient, et nous mangeons au clair de la lune, sous un ciel étoilé. Nous espérons secrètement voir de nouvelles aurores boréales, mais elles ne se montrent pas ce soir. Les enfants courent, jouent, nous dansons sur les rochers gelés. Le froid a raison des plus jeunes et nous rentrons nous abriter dans Transplaneur. Deux minutes plus tard, les enfants attrapent leur liseuse respective et s’y plongent avant même d’avoir passé minuit. Nous nous embrassons pour la nouvelle année, qu’ils commencent l’un et l’autre, le nez dans leur bouquin. Tout est bien.

Il fait un temps magnifique le premier janvier. Une amie nous avait conseillé d’aller à Kvalvika beach, sans autre indication. L’idée d’une plage uniquement accessible à pied nous séduit. Ça tombe bien, le sentier qui part derrière nous dans la montagne, y mène. Même Alma et Enki, peu motivés au départ, ont envie de tenter le coup. Nous partons vers onze heures, un peu la dernière limite pour éviter un périlleux retour à la nuit. Le chemin est vite pentu, serpentant entre quelques arbres bas et les pierres plus ou moins grosses que nous devons enjamber. Nous prenons rapidement de la hauteur, et notre perspective s’ouvre soudain sur un sentier en lacet. De là, on voit la vallée s’étendre à perte de vue. Plus loin, le chemin continue dans le lit de ruisseaux à moitié gelés, par-dessus lesquels des planches en plus ou moins bon état ont été installées pour passer. Les enfants commencent à trouver le temps long, mais ça grimpe encore. Mais cette fois, nous avons pris tous les bonbons des placards, pour faciliter la randonnée… Au-dessus de nous, des sommets de roche abritent des oiseaux que nous voyons parfois s’éloigner.

Enfin, nous arrivons à un plat entre deux montagnes. Un peu plus loin, un cairn semble attendre les prochaines pierres. Derrière lui, une ouverture, immense. La baie de Kvalvika est en contre-bas.

De ce côté-là, ce sont de gros rochers plats, la plupart du temps gelés et entourés de neige, qui tiennent lieu de chemin. Nous les descendons précautionneusement, jusqu’à ce que de grandes herbes les remplacent. Dix minutes plus tard, nous sommes arrivés. Il fait frais, et Kvalvika s’étend là, rien que pour nous. Son sable a creusé des crevasses et des monts formant de petits plateaux herbeux. Alma et Enki s’en font un terrain de jeux géant, descendant les ruisseaux gelés et les pentes sableuses comme des toboggans, écrivant leur gratitude en coquillages, courant et se cachant dans l’étendue qui se perd sous les vagues bleues-grises, bordée par deux montagnes, immenses, dont les versants abrupts avancent dans la mer. Farouchement beau.

Quelques sandwiches au son de musiques bien-aimées et une tisane brûlante plus tard, il est déjà temps de repartir. La remontée est plus difficile pour les enfants, les nécessaires enjambées entre les rochers leur semblent gigantesques et la neige les enceignant, parfois trompeuse. Le découragement menace, mais il s’efface vite devant des sujets de conversation ciblés, pokemon, les chevaux. Nous redescendons à temps pour voir la nuit tomber depuis Transplaneur. Au moment d’y entrer, Sylvain revoit le museau pointer au-dessus de l’eau du fjord qu’il trouble à peine. Tour à tour, chacun observe l’animal se déplacer, plonger la tête, la ressortir un peu plus loin. Quelques minutes après, alors que l’animal est déjà loin, nous le voyons filer derrière de petits oiseaux marins qui semblent s’échapper devant lui. Plus tard, en cherchant, il nous semble que c’est une otarie que nous avons pu observer sur son terrain de chasse.

Arrive le moment où nous disons au revoir à notre morceau d’immensité, notre bout du monde. La route appelle et nous lui répondons. Nous repassons une dernière fois le pont en arc-de-cercle au-dessus du fjord et quittons Moskenesøya pour la petite île de Flakstadøya, où nous longeons la plage de Ramberg de sable clair et à l’étendue turquoise dans un ciel presque rose.

Nous tournons à droite sur une petite route, prenant la direction de la lumière. Il fait froid, la route est sinueuse et glisse un peu. Nous nous dirigeons vers Nusfjord, un village de pêcheurs situé à l’extrémité d’un fjord réputé en Norvège tant il est étroit. Le chemin pour y parvenir est sublime. Nous y voyons de petites retenues d’eau, entourées d’arbres et de mousses, dans un décor doux et intime. Plus loin, une imposante montagne rocailleuse, aux parois finement striées, se reflète dans une infinité de noir et blanc, sur les eaux lisses d’un lac. Là où le fjord se referme sur lui-même, des rochers tout en rondeur apparaissent, dans une lumière rouge qui, venue du large, traverse les brumes matinales. La route suit le fjord jusqu’au village. Les maisons de pêcheurs, sur pilotis, sont construites les unes à côté des autres, à même la roche. L’ensemble est magique. Nous empruntons la seule et même route pour revenir dans le même émerveillement.

Encore un pont, et nous voilà maintenant de nouveau à Vestvågøy, sur laquelle se trouve notre rorbu. Malgré l’étroitesse de la route et la couche de glace qui la recouvre, nous allons à Hauklandstranda, que nous avaient conseillés Cristina et Andreas. La baie paraît sublime, et il y a pas mal de monde semble-t-il, ce qui ne nous est pas arrivé depuis longtemps. Nous sommes tellement emplis encore de ce que nous venons de vivre que finalement, nous ne sommes pas pressés de découvrir d’autres lieux. Et puis, Sylvain a mal à un pied, Enki joue et Elodie prépare le repas, alors Alma va seule découvrir la plage, et la prendre en photo pour nous les montrer. Il commence à pleuvoir. Nous ne nous attardons pas, et repartons en espérant trouver un lieu pour dormir avant la nuit qui s’annonce déjà… il est presque 13h. Ce sera un parking enneigé sur les hauteurs de Leknes, que nous atteignons après la traversée de crépuscules magnifiquement embrasés. Une fois arrivés, Sylvain se rend compte qu’il ne nous reste pratiquement plus de GPL. Nous sommes samedi après-midi, et la station la plus proche ne rouvrira que lundi, comme de nombreux commerces ici. Nous économisons au maximum le peu de gaz encore dans les bouteilles, et nous croisons les doigts.

Le lendemain, cap au Nord de l’île pour voir Eggum, adossée aux montagnes, les vestiges de sa tour sur les rives et la vue, immense, sur la mer de Norvège. Le petit café du lieu est fermé, mais les enfants transforment sa grande terrasse de bois gelé en patinoire, et glissent à en perdre haleine… et équilibre.

Plus qu’un jour à attendre pour le GPL. Nous décidons de nous rapprocher le plus possible de Svolvaer où se trouve la station de gaz, et à nouveau nous repartons. C’est la première fois que nous repassons par les routes qui nous avaient menées jusqu’au rorbu. C’est aussi la dernière. Nous retraversons les lieux avec une pointe de nostalgie.

Lundi matin arrive enfin. Nous avons dormi d’un œil, craignant l’arrêt du chauffage en pleine nuit, mais il a tenu bon. Encore un de ces matins où nous partons aussitôt réveillés, les enfants toujours allongés dans leur couchette.
A 8h, nous sommes devant la station de gaz. Il semble qu’il fait encore nuit noire. Nous demandons au magasin car le GPL est très rarement en libre-service. Des techniciens viennent ouvrir le local. Repartent chercher la bonne clé. Expliquent à Sylvain qu’ils sont fermés en principe aujourd’hui. Lorsqu’enfin ils ont ouvert, ils mettent encore du temps à brancher la pompe, finissent par faire le plein. Puis s’aperçoivent en riant qu’ils ont un tuyau percé… Pour nous en tous cas, les bouteilles de gaz ont pu être remplies, et nous soufflons.

La station fait partie en réalité d’un garage pour camping-cars. Nous poussons un peu plus loin notre chance et demandons s’il est possible de réparer les lumières de gabarit, toujours absentes côté droit, ainsi que la caméra de recul – bien pratique avec un 7,30m. Ils nous prennent dans la foulée. Les enfants sont obligés de s’habiller rapidement pour sortir de Transplaneur, et vont s’asseoir, encore sommeillant, sur des chaises à vendre dans le magasin, avec des cookies pour tout petit-déjeuner. Les feux pourront être réparés mais la caméra devra attendre. Vue la facture déjà, nous n’insistons pas, et quittons tout de même le garage soulagés.

Svolvaer faisait partie des destinations que nous voulions voir, mais la pluie glacée et le vent cinglant ont raison de notre enthousiasme. Nous profitons néanmoins de l’arrêt pour refaire les vidanges et les pleins, nous doucher, faire les courses et même laver nos vêtements sur un ponton du port, après qu’Elodie ait suivi un jeu de pistes grandeur nature pour acheter les jetons nécessaires au fonctionnement de la machine à laver. Pendant que celle-ci tourne enfin, nous allons manger dans un restaurant près de là, Bacalao. Nous sommes heureux de pouvoir goûter des plats locaux dans une ambiance chaleureuse. Comme la Norvège est aussi connue pour ses additions salées, nous demandons les prix de chaque chose. Au moment de payer, Sylvain s’aperçoit que seuls les desserts et les cafés sont comptés. En encaissant, le serveur lui dit avec un grand sourire : « And a happy new year ! ». Nous restons un peu dans le restaurant, pour nous assurer qu’il ne s’agit pas d’une erreur… puis partons, encore plus légers de ce cadeau inattendu.

Cristina avait insisté sur la destination d’Andøya. Nous laissons derrière nous les Lofoten et entrons dans les Vesterhålen pour nous rendre, le lendemain, sur cette île qui se détache en haut de l’archipel. D’abord, nous ne voyons rien d’extraordinaire. Les reliefs sont plus arrondis, plus ordinaires à nos yeux, les routes sont mauvaises et l’ensemble nous paraît sans grand charme. Nous cherchons à en faire le tour et suivons la côte.

Au soir du deuxième jour, nous sommes à la pointe nord, tout près d’Andenes. Fatigués, nous nous arrêtons sur un parking surplombant la mer. Même si c’est tout près de la route, nous imaginons que la vue doit être magnifique, et en contrebas un petit terre-plein d’herbes permet de s’abriter des éventuelles voitures. Le soir vient, et avec lui, la potentialité d’aurores boréales, avec chaque fois la pointe d’excitation qui l’accompagne. Nous regardons régulièrement, et cette fois, avant même qu’Alma et Enki ne soient couchés, les aurores sont là. Nous nous habillons le plus vite possible avec l’attirail habituel du froid, pull, grosses chaussettes, manteau, pantalon de ski, bonnet, écharpe, gants – par-dessus les pyjamas des enfants – et sortons, les frontales pour frayer notre chemin jusqu’en bas. Là… à l’horizon, sur la mer, une aurore flamboie, fraye son chemin dans le ciel comme pour le traverser, s’épaissit jusqu’à former un immense arc de cercle vert. Bientôt d’autres aurores naissent et surgissent depuis l’autre côté de la montagne à côté de la route, et se déploient au-dessus de nous. Pour la première fois, nous partageons pleinement cette expérience incroyable avec les enfants, nous sommes tous les quatre. Et c’est tellement fort de le vivre ainsi. Nos cœurs vibrent à l’unisson des aurores, magnifiques, créant et recréant à une intensité hallucinante la forme de leurs rubans blancs éclairant le ciel, comme parcourus des frissons que sont les vents solaires. Alma change sans cesse de point de vue tandis qu’Enki finit par s’allonger sur le banc, pour mieux les voir… jusqu’au moment où ses paupières se ferment. C’est l’heure de rentrer pour lui, puis pour Alma. Nous restons à nous émerveiller…

Au matin, nous reprenons notre chemin, passons la petite ville d’Andenes et allons nous garer dans une baie sublime, à Bleik, après un chemin cahoteux où les surfaces gelées des flaques qui jonchent le sol, craquent sous les pneus de Transplaneur dans un fracas sonore. La mer vient se jeter en rouleaux sur le sable clair, éclater sur les sombres rocs… au loin, une montagne se découpe sur l’horizon, et de la mer devant nous se dresse une île tout en rocher, l’île aux oiseaux… Les macareux et les pyrargues viennent s’y poser. Nous sommes trop loin pour les voir, même aux jumelles.

En revanche, dès notre arrivée, nous repérons à nouveau une tête qui dépasse de l’eau, près de la plage la plus proche de nous. Elle disparaît et réapparaît quelques minutes plus tard, et cette fois-ci, chacun a le temps de l’observer. Nous distinguons bien le museau pointu… un phoque ! Enki le verra même se retourner et plonger. Quel accueil !

Le soir venu, les aurores reviennent dans le ciel. Nous les regardons d’abord depuis Transplaneur, puis finissons par sortir à nouveau tous les quatre. Elles sont moins intenses ce soir, mais c’est tellement beau d’être là, dans ce lieu magique à regarder des phénomènes si extraordinaires… Si bien que, l’heure de manger étant arrivée, puis passée, Alma et Enki restent sourds à nos appels et jouent, jusque tard, sous les aurores boréales… Amusés, nous les laissons faire, conscients que ces moments suspendus sont gravés pour l’éternité.
Il neige cette nuit-là, et le lendemain matin, une fine couche de neige a tout recouvert. C’est beau à couper le souffle. Les enfants retournent jouer dehors, longtemps, faisant fi du froid. Puis nous partons, continuons sur une route du bout du monde jusqu’à un nouveau lieu où dormir. Autre nuit, autres aurores boréales, survenues tard, donc vécues à deux, sous un vent glacial. Qu’importe le vent, puisqu’on a l’ivresse de ces beautés délicates et majestueuses. Nous tentons de trouver mille astuces pour les prendre en photo, à défaut de pied pour l’appareil…

Le tour d’Andøya se termine le lendemain, après la traversée de paysages encore si différents, depuis les montagnes rocheuses sur lesquelles les vagues s’élancent, jusqu’à des paysages lunaires de toundra qui rappellent à Sylvain des souvenirs d’ailleurs.

Nous quittons cette île emplis de nos émerveillements, de nos partages et du souvenir de son atmosphère si douce. Ce soir, nous dormirons dans une marina où Transplaneur peut être branché. Ce soir, demain, dans dix ans et après encore, nous serons heureux d’avoir pu vivre tout cela.