Nous sommes revenus dans une atmosphère citadine à Stockholm. Après la semaine passée à Gotland, le changement aurait pu sembler radical…
Radical, ça l’a été, mais d’une toute autre manière.
Stockholm est toute en contraste, les bâtisses recouvrant la surface des îles de son archipel jusqu’à leurs extrémités, les longues façades colorées des immeubles et les clochers effilés paraissant jeter leurs verticalités dans la mer unie et lisse, les ambiances si différentes d’une rive à l’autre, de l’historique au moderne, des grandes artères aux ruelles (la plus petite fait 90 cm de large!), des montagnes russes aux étendues de nature abritant des espèces animales que l’on trouve en Suède…
La radicalité vient peut-être de là, le tout que cet ensemble forme et l’apparente sérénité qui s’en dégage. Nous l’avons sillonnée, à vélo, à pied, en transports en commun, tournant à notre avantage la contrainte que Stockholm soit une zone environnementale, n’acceptant pas dans ses rues le diesel trop polluant de Transplaneur.
Le séjour a commencé par un impératif technique, le changement des pneus pour affronter le climat hivernal suédois et répondre à la loi. Du 1er décembre au 31 mars, tout véhicule roulant en Suède doit être équipé de pneus neige. Dont acte.
D’autres impératifs ont suivi, rechercher des parkings en-dehors de la zone verte, si possible sans l’impression de se payer une nuit au Ritz local pour quelques heures de stationnement, chercher aussi des lieux pour brancher Transplaneur dont l’utilité des panneaux solaires est inversement proportionnelle au nombre de minutes de nuit quotidiennement grignotées au jour, comprendre enfin comment fonctionnent ce f… périphérique et ses sorties payantes dès qu’il faut faire demi-tour car waze ne semble pas très familier de Stockholm !
Contingences automobiles. Stockholm a semblé s’ouvrir dès que nous avons enfourché un vélo. Ses pistes cyclables parcourant la ville nous ont guidé, sous un ciel aussi bleu que froid, à travers ses nombreux et magnifiques parcs de jeux et ses monuments historiques imposants. En file indienne dans les rues, sur les ponts, essayant de nous acclimater aux usages cyclistes précis – les feux spécifiques, les espaces aux arrêts des pistes pour éviter les embouteillages ou l’empiètement sur les couloirs des piétons, les itinéraires parfois sous-terrains ! – la découverte est autant celle des lieux que du fait de rouler en famille sur le macadam.
Nous avons aussi pris les transports en commun, histoire de sentir le rythme de la ville, ses bains de langage, ses visages… Ici, le ticket vaut aussi bien pour un aller en bateau qu’en métro ou en bus. Et le week-end, c’est gratuit pour les enfants !
Chaque île paraît avoir sa propre vie, son style et son âme, sa saveur, sa place dans l’ensemble.
Stussen a été la première à nous accueillir, alors que nous tentions de comprendre sa logique et traverser les travaux de rénovation pour atteindre Photografiska, l’un des musées de Stockholm encore ouverts. C’est Ruth qui nous en avait parlé, l’amie d’un ami d’une amie, celle de Gotland… Elle est un peu notre guide en Suède… Nous l’y avions rejoint, et admiré avec elle l’infini de comètes en formation, celui du grain de peau que l’on effleure ou encore de la tendresse du jeu de bébés chimpanzés…
A un pont de là se situe Gamla Stan, cœur ou plutôt île historique, dont les rues pavées mènent du palais royal aux minuscules échoppes où se poser pour une fika – des collations que les suédois dégustent à toute heure avec un café le plus souvent.
A un bateau près se trouve Skansen, plus vieux musée à ciel ouvert du monde, sur une île qui semble uniquement dédiée au divertissement. Toujours sur les conseils de Ruth, nous y avons cheminé entre les habitats traditionnels des différents lieux et époques suédois, chacun ayant été démonté de son lieu d’origine pour être transporté puis rebâti dans le parc. C’est aussi là que nous avons admiré le repas des lynx, des élans et des rennes, le repos des loups et des hiboux, les écureuils partant cacher leur butin fraîchement acquis, les phoques et les cochons vaquant à leurs promenades…
Plus loin de Stockholm, lors de nos allées et venues impératives, nous nous rendions au parc national de Tyresta. Immense forêt d’arbres hauts et de rochers moussus, Tyresta abrite une faune que nous aurions aimé croiser… s’il n’avait pas fait nuit si tôt la première fois…s’il n’avait pas plu si fort la seconde… peut-être, si les enfants n’avaient pas eu autant de choses à raconter la troisième…
Quelques jours à peine, la sensation d’avoir si peu parcouru la ville, et pourtant nous avons tissé avec Stockholm le début d’une histoire calme et profonde qui nous accompagne depuis.
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